L'accordéon Diato des amateurs


un accordéon diatonique très ancien

Petite histoire de l'accordéon

 

 

1 - Histoire et chronologie

 

L’aïeul de l’accordéon fût, sans doûte, une sorte d'orgue à bouche (aux diverses appellations de sang, chang, tchang, xang ou encore seng, cheng, xeng, etc), instrument chinois très ancien datant d'environ 3000 avant J.C; une copie est conservée au musée de Castelfidardo, ville italienne que l'on peut qualifier de berceau du développement de l'accordéon. Dans le chang, une anche libre, recevant un courant d'air, se met en vibration et produit un son. Ce principe de l'anche libre fut appliquée ensuite à l’orgue, ancêtre considéré comme le plus proche de l’accordéon

Orgue à bouche
Cheng ou orgue à bouche.

Avant d'arriver à l'accordéon proprement dit, citons quelques instruments précurseurs comme l’aéoline de Schlimbach (Ohrdruff, Thuringe, 1816), l’aéolo-mélodion de Brunner et Ofman (Varsovie, Pologne, 1818), l’éoline d’Eschenbach (Kœnigshoven, Alsace, 1820), la mundéoline de C. Messner (Trossingen, Wurtemberg, 1823).

1829 : L'Autrichien Cyrille Demian dépose un brevet d'invention pour son instrument qu’il nomme accordion tandis que l'Anglais Charles Wheatstone, à un peu plus d'un mois d'intervalle, en dépose un pour son symphonium à soufflet qui, après transformation, deviendra bientôt le concertina. Ces deux instruments, curieux par leur mode de génération du son et par leur sonorité même, déclenchèrent un grand succès populaire .

L’accordéon ne comporta tout d’abord qu’un seul clavier, dit clavier chant ou clavier mélodique, auquel vint s’ajouter, après 1880, un second clavier pour l’accompagnement.

En 1840, alors que les premières orgues apparaissent en Russie, en France Léon Douce fait breveter son accordéonharmonieux précurseur de l'accordéon chromatique.

1852 : Philippe-Joseph Bouton (un nom prédestiné?) fait breveter son accordéon à touches-piano.

1863 : Paolo Soprani, à Castelfidardo, crée la première fabrique italienne d'accordéons.

Castelfidardo
Castelfidardo en Italie

A partir de 1890, c'est toute l'Italie qui est prise par la fièvre de l'accordéon. On pourra citer Antonio Ranco, Rosario Spa-daro, Francesco Massobrio, Ercole Maga, la Salas, Angelo Parmelli, les Frères Scandalli, Val Sugana, Egidio Galvan, Giovanni Rossovich, Branz, Cavagnolo, Oppezzo, Silvio Soprani, Piermaria, ...

A la fin du XIXè siècle, la popularité de l’accordéon est immense. Dans le Paris de 1900, il est le roi du "musette". Il trône dans les bals du monde entier, inspire les chansonniers et les poêtes.

Vers 1900 : Des facteurs italiens de Castelfidardo inventent l'accordéon chromatique.

1904 : Fondation de la Maison Cavagnolo à Vercelli en Italie. Premier concours d'accordéon à Mons en Belgique.

1909 : Giovanni Gagliardi donne le premier récital de musique classique dans un cinéma de la rue de Lyon.

1910: Les premiers accordéons Hohner sont fabriqués à Trossingen en Allemagne.

1919 : En France, à Tulle, les frères Maugein décident de lancer leur propre marque.

A partir de 1918 on assiste, en France, au remplacement de la cabrette par l'accordéon: c'est la grande époque des bals musette. C'est dans ce contexte qu'en 1936 on inaugure le célèbre Balajo.

Cabrette
Cabrette.


1945 : Création du Conservatoire d'Accordéon de Paris par Raymond Gazave .

1952: dépôt de brevet pour l’accordéon de concert ou harmonéon, conçu par le Français Pierre Monichon , sur lequel le clavier main gauche est remplacé par un second clavier chant identique au clavier main droite.

Dans les années 1970 apparaît l’accordéon électronique. Il est muni d’un soufflet et d’anches auxquels s’ajoute un commutateur permettant aux touches de commander un générateur de sons électroniques. Dans la dernière génération, la production des sons est purement électronique: le soufflet n’aspire plus d’air; il sert uniquement à contrôler l’intensité sonore.

Accordeon midi
Intrument midi .

1981: ouverture d'un musée de l'accordéon, dans sa ville berceau de Castelfidardo.

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2 - L’anche

 

Le son de l'accordéon est produit par la vibration d'une anche libre. A ce titre, un des plus anciens et des plus rudimentaires modèles d'anche libre est représenté par la guimbarde. Sa mise en vibration n'est cependant pas actionnée par un courant d'air, mais par une impulsion donnée manuellement à la lame, comme on le fait pour une corde de guitare. Mais c'est néanmoins la vibration de la lame qui génère le son, amplifié par la cavité buccale sur laquelle on l'applique et qui sert de caisse de résonance.

La guimbarde, l'une des premières lames vibrantes

L’anche est l’organe vocal de l’accordéon. C’est une lamelle métallique fine et souple, fixée à l’une de ses extrémités, sur un support dans lequel est découpé une lumière (ouverture) légèrement plus large que l’anche elle-même. Lorsqu’un flux d’air passe sur l’anche elle vibre en se débattant librement dans la lumière et génère un son. La hauteur du son (sa fréquence de vibration) dépend des dimensions et des caractéristiques de la lamelle. lorsque la pression d’air augmente, l’intensité du son augmente. Ce qui permet de passer d’un pianissimo le plus doux au forté le plus assourdissant

L’harmonica a joué un rôle considérable dans la vie de l’accordéon, en lui ouvrant la voie. Car il est, d’une part l’une des phases de ses diverses mutations, et lui a d’autre part frayé la voie commerciale nécessaire à l’écoulement des premiers produits. On peut dire que l’accordéon s’est substitué à l’harmonica partout où celui-ci était en place, action qui est, sans doute, l’une des raison de son fulgurant succès.

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3 - L’accordéon en Bretagne

 

En Bretagne, les danses étaient originellement accompagnées par diverses formes de chants traditionnels.
Les principaux instruments de musique se sont implantés dans l'ordre chronologique et géographique suivant:

Biniou koz

L’accordéon fit son apparition en Bretagne vers 1890 et fut d’abord diatonique. Le diato devient rapidement l'instrument privilégié de la marine à voile, utilisé pour soutenir la rude tâche quotidienne que les marins pêcheurs devaient fournir, mais aussi pour accompagner ceux-ci dans leur divertissement à bord pendant leur temps de "repos". S'il est si vite adopté c'est pour son faible encombrement, pour sa sonorité et aussi parce qu'il ne nécessite aucun accordage avant de jouer.

Dans les campagnes, le diato concurrence, voir détrône les instuments traditionnels grâce à deux gros avantages: c'est un orchestre à lui tout seul et il ne coûte pas cher car il est fabriqué industriellement.
L'accordéon devint le principal instrument pour l'animation musicale des noces, où il se trouva rapidement en rivalité avec la bombarde et le biniou, plutôt qu'en complémentarité. Il anime les noces souvent seul là où il fallait payer auparavant deux sonneurs.

Après avoir détrôné les instruments traditionnels il s'associe avec eux: bombarde, violon, clarinette... L'accordéoniste (souvent un ex-"biniaouer" ou un ex-"talabarder" reconverti) devient lui-même une personnalité populaire que l'on surnomme "paotr ar choufedaou" (le gars du soufflet).

L'accordéon chromatique arrive vers 1930. Il nous vient des bals musette parisiens et se répand aussi vite que le diato, apportant avec lui de nouvelles danses comme la polka et la mazurka, la java, la valse et le tango. Si les Français parlaient volontiers de la "boîte à frissons" pour désigner l’accordéon, les Bretons (et surtout leurs curés) l’appelaient Boest an diaoul... la boîte du diable ! La religion voyait en effet d'un mauvais oeil la transformation progressive des danses traditionnelles en ligne, où hommes et femmes ne se tenaient que par le petit doigt, en danses en couples (valses, mazurkas, et autres tangos...) qui incitaient à la sensualité...

Aujourd’hui, diatonique et chromatique se partagent la vedette: le diato domine dans les Festou-Noz et les manif ions festives privilégiant les danses bretonnes et traditionnelles; le chromatique dans les variétés populaires et récemment dans le Rock, le Pop et le Blues.

Loin des rivalités antérieures, l’accordéon en général, et le diato en particulier (depuis qu’il a acquis sa reconnaissance comme instrument majeur), se marie - et de quelle façon! - aussi bien avec la bombarde et la clarinette qu'avec le violon ou la guitare.


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4 - La grande famille Accordéon

 

Les autres noms pour désigner l'accordéon

Le portefeuille
Le dépliant
La boîte à frissons
Le piano du pauvre

La boîte du diable
Boest an diaoul (Bretagne)
La bouèze (Gallo)
Trikitixa (Pays basque)

La boîte à soufflet
Le piano à bretelles
Le branle-poumons
La boîte à punaises

 

L'accordéon diatonique

Comme nous venons de le voir, c'est l'aîné de la famille; il a été le premier à se répandre en Europe d'abord, puis partout dans le monde. Il est petit et léger, ce qui lui permet son style "poussé - tiré" si caractéristique ! Mais il n'est pas pour autant aussi simple à maitriser qu'il y paraît à première vue. Le fait qu'un bouton produise une note différente selon que l'on pousse ou que l'on tire, et la répartition non linéaire des 7 notes de la gamme diatonique (3 + 4) sur le clavier, en font un instrument de caractère qui ne se laisse apprivoiser que par un nombre limité de maîtres.

Aujourd'hui, s'il continue à être un instrument bisonore (un bouton = 2 notes) il ne se contente plus d'être diatonique (une gamme de 7 notes). Une troisième rangée de boutons lui donne les notes altérées qui complètent sa gamme à 12 notes et le rend finalement chromatique et étend du même coup son répertoire à toutes les musiques du monde.

 

L'accordéon chromatique

Il impressionne surtout par sa taille et le nombre de ses boutons. La disposition linéaire des notes sur le clavier (comme sur un piano) rend son apprentissage plus simple. Il est entré plus facilement que le diato dans la sphère de la "musique savante" parce qu'il possède les 12 notes de la gamme chromatique (du grec:Chromos = couleur). S'il peut, en effet, jouer aussi bien en mode majeur qu'en mode mineur (plus nuancé et plus mélancolique) c'est au prix d'un alourdissement phénoménal. Songez au total du nombre de boutons qu'il arbore; multipliez par deux et vous avez le nombre d'anches métalliques nécessaires pour produire des notes identiques en tiré et en poussé. Ce qui le rend 3 fois plus lourd qu'un diato.

 

Le mélodéon

C'est l'instrument favori de nos cousins Québécois et Cajuns. Il ne possède qu'une seule rangée de boutons au clavier droit et souvent deux seuls boutons à gauche qui servent surtout pour marquer le rythme. Mais il s'enrichit de sonorités différentes par la multiplication de registres qui ouvrent la porte à de nombreuses "couleurs" sonores.

Au-dessus de la caisse main droite, on distingue les tirettes qui commandent ces différents registres.

 

Le trikitixa

C'est l'accordéon diatonique des Basques. A priori, rien ne distingue un diato classique d'un trikitixa. La différence se trouve dans son clavier main gauche dont les basses sont unisonores (le son est identique en poussant comme en tirant).

 

Le concertina

 

 

 

Le concertina est un instrument très répandu dans le monde, mais qui reste assez méconnu en France. Son père s'appelle Wheatstone. Il est né en Angleterre en 1830, en même temps que le diato (à quelques semaines près).

Il est caractérisé par sa forme polygonale (de 6 à 12 côtés) qui l'attache à l'image du clown. Petit et léger, il n'en est pas moins sensible avec un soufflet souple et docile et peut développer un volume sonore important.

Contrairement à l'accordéon diato, il ne possède pas d'accords préétablis. Il se décline en une dizaine de versions suivant la répartition des notes entre les deux claviers, et suivant qu'il soit bi-sonore ( = 1 note en poussant 1 autre en tirant) ou uni-sonore (1 note identique en tirant ou en poussant). Trois versions sont les plus connues:

  • Le concertina dit "English" est unisonore et chromatique (gamme de 12 notes comprenant donc les notes naturelles et les altérations). la gamme se monte alternativement à droite et à gauche. Les altérations sont à côté de la note naturelle. C'est l'instrument de base inventé par Wheatstone. C'est aussi le préféré des clowns.
  • Le concertina dit "Anglo" est configuré comme un diato: il est diatonique (gamme de 7 notes) et bi-sonore mais reste sans accords constitués.
  • Le concertina dit "Duet" est configuré comme un accordéon chromatique uni-sonore avec un clavier mélodique à la main droite et un clavier de basses à la main gauche.

 

Le bandonéon

Sous sa forme ramassée, carrée et aux coins cassés, Il rappelle l'Argentine, le tango et le jazz. Il est bisonore comme le diato mais ses claviers sont chromatiques (gamme de 12 notes).

 

L'harmonéon


Photo publiée avec l'aimable autorisation d'Alexandre JUAN

C'est un accordéon chromatique dont les deux claviers, droit et gauche, sont identiques. Cette caractéristique permet toutes les possibilités mélodiques à la main droite et tous les accords imaginables à la main gauche... ou réciproquement. C'est l'accordéon parfait qui a sans doute contribué à l'admission de l'accordéon dans le milieu qui lui était très fermé de la musique dite "classique".

Plus d'info sur l'harmonéon

 

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