L'accordéon Diato des amateurs


 

Quelques pointures du Diato

pas que descélèbres, mais des anecdotes et/ou quelques éléments de biographie

 

 

Jean Coateval

 

Il a été l'un des meilleurs interprètes à l'accordéon de la fameuse "gavotte des montagnes"

Né en 1925 au Huelgoat, au coeur des Monts d'Arrée, il apprend l'accordéon diatonique à 10 ans puis passe à l'accordéon chromatique à 14 ans, ses parents lui ayant offert un "Organola" pour son certificat d'études.

Il devient alors l'élève d'Yves Menez qui influencera à la fois son style de jeu et son répertoire.

Il anime le bistrot de sa mère, les fêtes de quartier et les courses cyclistes avant de jouer dans les bals de noces.

A la sortie de la guerre il fonde son propre orchestre musette qui sévira jusqu'en 1966. La mort de son père le contraint à remiser l'accordéon pour s'occuper de l'entreprise familiale. Mais ce n'est que provisoire car quelques années plus tard il renouera avec sa passion qu'il ne quittera plus, malgré des soucis de santé, qu'à sa mort en 1997.

Estimant que la gavotte n'est pas faite seulement pour être dansée le soir dans les festou-noz, il lancera le concept de fest-deiz qui évoluera progressivement en bal folk par le mélange de gavottes et de danses "modernes", redonnant vie le dimanche après-midi aux villages des Monts d'Arrée.

Il a enregistré un 33t en 1984, dans lequel il rend hommage à son maître décédé l'année précédente.

Retour en haut de page

 

 

 

Jean Christophe Lequerré
Il nous a quitté en décembre 2006. Voici un mail, in extenso et tel quel, reçu de Jean Philippe qui en parle avec ses tripes.

 

"Te parler de Jean Christophe. Bon. Moi je l'ai connu ici dans l'Yonne, par l'intermédiaire de sa compagne Marie Isabelle, joueuse de violon, avec qui j'ai, un temps, partagé une scène.

Ils habitaient à 3O bornes de chez moi. Et tout naturellement le duo quils formaient "Bourdon Jaune" a fricoté avec "Rue des coccinelles" (ma blonde au violon et moi au diato). C'était drôle de s'associer pour partager la scéne : Bourdons et coccinelles deux couples, deux nanas au violon et deux mecs aux diato, ensemble ou séparement.

Nous avons organisé des stages ensemble, puis... le manque de concerts et le peu d'intérêt pour la musique trad et irlandaise ici les a poussé a retourner en Bretagne (là ou est la famille de Jean Christophe )

Ce que je peux te dire de lui, c'est qu'il était un grand musicien, un artiste en dehors du monde, évidement excessif en tout. Fêtard réputé avec ses potes Gilles Poutoux (qu'il avait remplacé dans FUBU), ou Vincent Blin, ou Norbert Pignol ; ce qui n'était pas trés compatible avec sa maladie ( épilepsie ). Il a connu ce que connaissent toute une génération de musiciens trad des années 80 : Le doute quant à sa carrière et la difficulté d'en vivre.

Je ne sais pas de qu'elle façon il est parti mais la dernière fois qu'il m'a appelé (il y a 1 an) Il voulait faire un disque avec tous ses potes, il voulait que j'y participe avec ma cornemuse sur une bourrée qu'on aurait composée ensemble.

J'ai pas mal de peine, et suis trés reconnaissant au destin de m'avoir permis de croiser sa route car il m'a vraiment tout appris sur l'enseignement et m'a poussé à améliorer mon jeu au diato (plus de rigueur et travail sur la qualité du son ). Il était assez intransigeant et sans compromis, quand il trouvait mon jeu imprécis et brouillon... il ne se gênait pas pour me le dire..Au lieu de lui en tenir rigueur je prenais cela comme un cadeau. Et mon jeu s'est précisé à ses côtés pour se rapprocher du sien. "Soit rigoureux sur ta rythmique , travaille sur l'harmonisation des basses et épure ton jeu."

J'ai toujours son "la ré" ici: un beau 3 rangs ( laurentides) bleu magnifique accordé et reglé par lui. J'ai aussi une pensée pour Marie Isabelle que j'aime profondement et leur petite fille Naik Cécile qui fut la compagne de jeu de mon fils Hugo.

Voilà
JeanPhilippe"

Retour en haut de page

Yves Menez

 

Yves Menez, dit "Pier Min", est le créateur de "la gavotte qui swingue"

Né en 1905, il est imprégné, dès son enfance, par les airs des chanteurs de kan ha diskan ou des joueurs locaux de treujenn-gaol (= clarinette, ainsi nommée parce que les boutons qui l'ornent rappellent la configuration des pieds de choux qui servent à l'alimentation hivernale du bétail).

Yves Menez part travailler à Paris dès l'âge de 20 ans. Il y dépense toutes ses économies pour apprendre l'accordéon, bien qu'on ne sache pas avec qui il a appris ni quels accordéonistes il a côtoyé.

De retour en Bretagne en 1935, il ouvre un bistrot à Scrignac (Finistère) tandis que sa femme ouvre un salon de coiffure. Il anime dès lors les bals de noces et les bals populaires du samedi soir qui étaient en pleine expansion avec l'apparition du "Jâze".

Cette appellation vient des Jazz-bands qui faisaient fureur aux Etats-unis et qui commençaient à s'exporter dans les bals parisiens. Ces orchestres comprenaient au moins trois instruments: un accordéon chromatique, une batterie (ou jâze), et selon les cas, saxophone, clarinette, violon, banjo...

Yves Menez sollicite des musiciens de talents pour créer son propre orchestre: L'Idéal Jazz qui obtient immédiatement un énorme succès ! L'Idéal Jazz électrise les foules et devient la coqueluche de tous les joyeux endroits.

Yves Menez a le génie d'adapter des airs de gavottes en intégrant au jeu diatonique jusque là habituel, des chromatismes et des modulations, des rythmes syncopés et parfois en passant d'une tonalité à une autre au cours d'un même morceau. Avec la désinvolture des vrais artistes, il marie en toute liberté « la gavotte, le jazz et la java » et va, dès lors, propager sa nouvelle musique

Puis, l'arrivée de la seconde guerre mondiale va entraîner la fermeture de beaucoup d'établissements plubics. Mais Menez et bien d'autres seront sollicités pour jouer dans les bals clandestins où l'on brave les interdictions en dansant au son du saxo, de la boîte à frissons et du jâse. A l'époque des tickets de rationnement, et des restrictions en tout genre, leur musique aura beaucoup contribué à faire oublier aux braves gens le désordre qui les entoure.

Tout en reprenant des standards de la tradition populaire, il crée ses propres compositions en y affirmant un sens mélodique et un tempérament qui lui sont propres. Son style et son répertoire feront école et seront repris notamment par Yves Le Gac, Jean Coatéval, Guy Maltret... Décédé en 1983, Yves Menez aura inventé "la gavotte qui swingue".

Ce remarquable musicien à la forte personnalité n'a hélas été enregistré qu'à la fin de sa vie, dans les années 1970, alors qu'il avait cessé de pratiquer depuis de longues années.

 

Retour en haut de page

 

 

Marc Perrone

 

L'essentiel des lignes qui suivent a été extrait d'un article de Bernard Loupias dans Le Nouvel Observateur N°2206 du15/02/2007 intitulé "Rencontre avec Marc Perrone"

 

Marc Perrone est fils de parents immigrés italiens de Monte Cassino, dans la Ciociara. «Je suis né à Villejuif, le 8 octobre1951, l'année du pastis», dit-il en se marrant. Après on a habité à Gentilly puis à La Courneuve, à la Cité des 4000.»

Marc Perrone a grandi en banlieue et découvre Brassens et Ferré à la radio dans l'atelier de tailleur de son père.

Il a des copains d'origine espagnole qui jouent du Brassens à la guitare. «Ça m'a plu et j'ai commencé à gratouiller comme tout le monde. Brassens, du folk américain, Bob Dylan, Joan Baez et consorts avant de me prendre de passion pour le gospel, le blues rural de Leadbelly, Mississippi John Hurt ou Big Bill Broonzy. De fil en aiguille, j'ai fréquenté le TMS, le folk club américain de la rue de l'Abbaye.»

Après avoir été comédien et marionnettiste au théâtre d'Aubervilliers dans une troupe de théâtre pour enfant, il découvre l'accordéon diatonique. «Un jour, à la Fête de l'Huma, j'ai entendu un groupe de musique cajun avec un accordéon diatonique à dix boutons et deux basses. Ça a été le déclic. De 1973 à 1978, je suis allé vivre dans le Sud-Ouest, à Agen, avec un groupe qui s'appelait Perlimpinpin Folk. Avec Marie-Odile, ma compagne, nous sommes partis ensuite faire du collectage de musiques traditionnelles dans les Landes".

Il se produit pendant 5 ans dans le sud ouest avec le groupe "Perlimpinpin Folk" puis s'engage un peu plus tard dans le mouvement "Folk".

Outre ses activités de concertiste, Marc Perrone enseigne l'accordéon et la musique traditionnelle. En 1978, il enregistre un premier disque constitué d'airs traditionnels, de compositions personnelles ainsi que d'un arrangement d'une chanson de Georges Brassens.

En 1982, c'est le grand tournant. Marc Perrone est invité à jouer à la Fête de l'Huma par Marcel Azzola - un de ses modèles, devenu depuis un grand ami. Pendant la répétition, deux types l'écoutent avec attention et viennent le féliciter, enthousiasmés. «C'était Bernard Lubat et Michel Portal! Je ne les connaissais pas!»

C'est en 1984, dans « Un dimanche à la campagne », le film de Bertrand Tavernier, qu'on a découvert Marc Perrone et sa musique limpide. Rêve de guinguette d'antan, valse et mélancolie dans une lumière de soir d'été : on ne l'a plus jamais lâché. Il est aujourd'hui cette sentinelle qui se tient à la croisée de tous les chemins de traverse. Musette, chanson, films « musiqués » en direct (un CD, « Ciné Suite », au Chant du Monde), théâtre (avec Fellag), improvisation libre (avec Bernard Lubat, Jacques Di Donato, André Minvielle...), il ne voit pas de différence : «La chanson, l'impro, c'est pareil. Pas de partition, il s'agit d'habiter le moment où l'on joue, à fond.»

Au même moment, Bertrand Tavernier le repère dans « la Trace », un film de Bernard Fabre où il avait un des rôles principaux avec Richard Berry et pour lequel il avait composé une valse, finalement pas retenue. «Quelques mois plus tard, Bertrand m'appelle : «Fabre n'a pas voulu de votre valse, eh bien moi je la prends pour mon film.»» Ce fut une belle année.

"C'est le poète de l'accordéon Il ressuscite les guinguettes d'antan et les airs de 1936. Ses nouvelles « P'tites Chansons » font notre bonheur Cet homme est un magicien. Trois petites notes sur son accordéon, et hop, il escamote tout : les murs de la salle de concert, le fauteuil inconfortable, les projos. Et soudain tous ces gens que vous ne connaissiez pas il y a encore dix minutes, voici qu'entre rires et larmes vous chantez avec eux à mi-voix « Guili Guili », une petite chanson sur la mort écrite avec des CM2. Marc Perrone va souvent jouer dans les écoles des quartiers difficiles. Il en est sûr : l'art sauve. Une échappée belle. «C'est par où? C'est par l'art», dirait son ami Bernard Lubat. L'espoir est là. Son nouveau CD s'appelle " les P'tites Chansons de Marc Perrone". Rien que du bonheur. Ça réveille la mémoire enfouie des petits bals perdus et des feux de la Saint-Jean, des grévistes de 1936, des films de Renoir.

Marc Perrone vous ouvre sa porte. Vous voyez d'abord son sourire lumineux. Puis la chaise roulante. En 2004, il a sorti un disque intitulé « Son éphémère passion ». On a tout de suite pigé : les initiales de ces trois mots renvoyaient à la saleté de maladie - une sclérose en plaques - qui l'a progressivement handicapé. Tous les matins, Marc Perrone lui fait un bras d'honneur. Un jour à Tourcoing, le lendemain à Uzeste pour improviser avec Bernard Lubat, Michel Portal ou André Minvielle, il ne cesse de bouger et de vaporiser du bonheur autour de lui. D'où tient-il cette énergie invraisemblable, cet amour de la vie ? Un de ses grands-pères italiens s'appelait Amabile, Aimable en français. Ça doit être ça.

Un quart de siècle plus tard, Bertrand, Michel, Bernard et les autres sont toujours là. L'amitié, c'est le secret de Marc Perrone.

Marc Perrone a enregistré huit albums. Au cinéma, il a joué dans « la Trace », de Bernard Fabre (1982), et dans « Un dimanche à la campagne », de Bertrand Tavernier (1984). «Ciné Suite», au Chant du Monde.

Son dernier CD : «Les P'tites Chansons de Marc Perrone» (Azimuth/l'Autre Distribution)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour en haut de page