L'accordéon Diato des amateurs

 

Jean Quéméneur

Chants traditionnels de marins et de mer

Complainte par Henri Ansquer (vers 1900)

 


1- Il s'appelait Jean Quemeneur ;
Il était fils d'une demi-sœur
De la fameuse Madame Larreur,
La grande Hortense,
Cell' qui tenait un caboulot
" Aux gars d'Dinard et d'St Malo "
En face la caserne du dépôt
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

 

2- Sa mère c'était une Kermarrec,
Vous savez bien, d'Lambezellec ;
Une grosse puant du bec
Qui n'eut pas d'chance
Avec Yann, son premier mari,
Bon garçon mais, faible d'esprit
Qui, dans son grenier, se pendit
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

 

3- C'était parents aux Kervella,
Vous avez connu ces gens-là
Qui faisaient tant de Tra-la-la
Et d'manigances
Portant voilettes et grands chapeaux
Qu'on aurait dit, ou peu s'en faut,
Qu'ça fréquentait des amiraux
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

4- Son père était pompier au port.
Travaillant peu, mais buvant fort.
Et jamais content de son sort.
Comme bien on pense.
Avec sa pipe et son fanal
Y s'balladait dans l'arsenal
Du " corps de garde " au " Fer à ch'val "
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

 

5- C'est par un' nuit qu'il vit le jour
Au treize de la rue de la tour ;
Il faisait noir comme dans un four,
Et puis, pas d'chance,
Avec ça un vrai temps d'canard :
D'la pluie, du vent, et d'la brouillard
Ce qui mit la sag' femme en r'tard
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

 

6- Mais le malheur vint ; qui l'eût cru ?
Son père, un soir qu'il était bu,
Tomba sur sa tête et mourut
Sans connaissance.
Et sa mère eut ce mot touchant :
" Gast ! me voilà veuve, à présent !
J'aurai plus d'père pour mon enfant ! "
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

7- Puis sa mère mourut à son tour
Toujours au treize d'la rue d'la tour.
Mais sa tante Yvonne Marchadour
Qu'avait d'laisance
Et du cœur, autant qu'de l'argent,
Jura le jour de l'enterr'ment
De veiller sur le petit Jean
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

 

8- Comme tous les petits enfants
Il eut la cocotte à quatre ans ;
Et puis la toque pendant que'qu'temps ;
Bref, son enfance
Fut celle de tous les moutards,
Que légitimes, ou bien bâtards,
On voit courir sur les remparts
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

9- Puis il grandit…. Quand il fut grand
Travailleur et intelligent
Il voulut faire un vétéran.
Ici commence
L'histoire de ses amours avec
Marie-Madeleine Poullaouec,
La nièc' à Jean François Cul-sec
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

 

10- Elle était jolie comme un cœur ;
Il l'épousa, fou de bonheur,
Dans notre église Saint Sauveur ;
Puis, quelle bombance !
Aussi, quell' gaieté, quel entrain
Jusqu'à trois heures, l'lend'main matin
Dans les salons du "P'tit jardin "
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

11- Mais à cinq ou six jours de là
Cette drôlesse le trompa
Avec un sigond-maîtr' calfat
Plein de prestance ,
Un sergent-major, un fourrier,
Un commis du port, un pompier,
L'agent Paugam, et tout l'quartier !
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

 

12- Puis, v'la-t-y pas qu'à Kervallon,
Femme sans cœur et sans raison,
Ell' fit d'un quartier-maîtr' clairon,
La connaissance ;
Ils s'en allèrent, bras d'ssous bras d'ssus
Au pardon d'la Chapelle-Jésus…
Et depuis, on les plus r'vus
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !
13- Le pauv' mari, pour oublier
Se mit alors à s'arsouiller
Dans tous les bistrots du quartier :
A " L'Espérance ",
Au débit d'la mère Pouliquen
Et même " Au retour du Tonkin "
On n' voyait qu' lui, soir et matin
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !
14- Bref, un soir qu'il ventait très fort,
Roulant de bâbord à tribord
Il finit dans le fond du port
Son existence
Pour avoir voulu, l' pauv' garçon,
Aidé d'son ami Kerouanton,
Larguer l'amarre du " Petit pont "
Où çà ? P'tit Jean ?( Facultatif )
A Recouvran-an-ce !

 

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